Le mythe grandiose d’Oreste n’est peut-être, initialement, qu’un fait divers sanglant : le petit prince a dû s’enfuir, quand le roi son père a été assassiné. Une fois sorti de l’enfance, il vient reprendre son royaume ; il tue de sa main l’usurpateur, et aussi la maîtresse de l’usurpateur, qui est la veuve de l’ancien roi, qui est aussi sa meurtrière. Donc le prince tue sa propre mère. Pour venger Agamemnon, Oreste tue Clytemnestre.
L’histoire n'a pas été oubliée. Les anciens Grecs en retrouvaient des traces d’un bout à l'autre de leur pays. Il ne nous en reste que des mots et des images. Pendant trois mille ans, des poètes l’ont racontée. Ils en ont fait des tragédies. Ils ont multiplié les variantes. Des tragiques grecs à Sartre et Giraudoux, en passant par Racine ou Goethe, les auteurs de ces variantes ici racontées exploitent toutes les ambiguïtés et les questions de leurs prédécesseurs, et ne se privent pas d’en ajouter de nouvelles. Toujours pourtant ils ont évité de mettre sous les yeux des spectateurs la scène du matricide, comme si elle provoquait en eux une angoisse sans limite. Le meurtre, donné comme légitime, comme un acte de justice, a immanquablement lieu en coulisse. En coulisse ou sur l’Autre Scène ?
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